Le Vatican a demandé à la conférence des évêques américains de « reporter » le vote de ces mesures jusqu’à la rencontre des conférences épiscopales du monde entier, en février.
Le Saint-Siège a ordonné lundi 12 novembre à la conférence des évêques américains de ne pas se prononcer, lors de son assemblée générale, sur des mesures de lutte contre les abus sexuels en son sein, lui demandant d’attendre la tenue d’une conférence sur le sujet en février.
Lors de son discours d’ouverture, le cardinal Daniel DiNardo, président de la conférence, a confirmé avoir reçu une lettre de la congrégation des évêques et annoncé qu’aucun vote ne se tiendrait lors de cette assemblée générale, contrairement à ce qui était prévu initialement. Le cardinal Blase Cupich, évêque de Chicago, a, lui, précisé, dans un communiqué, que le Vatican avait demandé à la conférence de « reporter » le vote final dans l’attente d’une rencontre des conférences épiscopales du monde entier, convoquée en février à Rome. Visiblement très surpris, le cardinal DiNardo a fait part de sa « déception » lors d’une conférence de presse à la mi-journée, lundi, au premier jour de l’assemblée générale qui se tient à Baltimore jusqu’à mercredi.
Report d’une commission d’enquête
Régulièrement mise en cause ces dernières années pour sa gestion du scandale des abus sexuels au sein de l’Eglise catholique américaine, la conférence des évêques américains avait annoncé, en octobre, plusieurs mesures phares, qui devaient faire l’objet d’un vote. Le haut clergé états-unien proposait notamment un nouveau code de conduite, un nouveau mécanisme de signalement, ainsi que la création d’une commission d’enquête menée par des personnes n’appartenant pas à l’Eglise catholique américaine.
« Nous ne sommes pas satisfaits de cela, a assuré le cardinal DiNardo au sujet de la demande du Vatican. Nous travaillons dur pour passer à l’action. Et nous allons le faire. Nous rencontrons juste un contretemps. » Interrogé sur les consignes du Vatican, le cardinal DiNardo a estimé qu’il « pourrait y avoir un peu de tension au sein du Saint-Siège » sur le sujet des abus sexuels dans l’Eglise catholique. Le cardinal Cupich a proposé lundi de soumettre malgré tout les propositions à un vote de principe, non contraignant, « pour montrer clairement notre position ».
Présent lors de la conférence de presse, le cardinal Christopher Coyne a rappelé que l’un des enjeux des réformes en cours était d’inclure la responsabilité des évêques, qui n’avaient jusqu’ici pas de compte à rendre au sein de l’Eglise catholique américaine.
6 700 prêtres accusés d’abus sexuels
Au début d’octobre, la conférence des évêques a annoncé la création d’un centre d’appel pour signaler les abus commis par des évêques. « Il est clair qu’il faut une vraie réponse » à la question des abus sexuels au sein de l’Eglise catholique, a réagi le Survivors Network of those Abused by Priests (SNAP – Réseau de survivants des personnes victimes d’abus de la part des prêtres). « Le geste du Vatican aujourd’hui nous rend méfiants quant à savoir si cette vraie réponse sera apportée. »
Point culminant d’une série de scandales dans plusieurs évêchés du pays, les services du procureur de Pennsylvanie ont publié à la mi-août un rapport accablant, détaillant des abus perpétrés durant plusieurs décennies par plus de 300 prêtres et dont ont été victimes plus de 1 000 enfants. Le rapport dépeint une hiérarchie ayant souvent eu une démarche active pour ne pas ébruiter les cas d’abus sexuels et pour protéger les auteurs de ces agressions. Selon l’organisation Bishop Accountability, 6 721 prêtres ont été accusés d’abus sexuels aux Etats-Unis pour des faits présumés inclus dans la période allant de 1950 à 2016. La même association estime à 18 565 le nombre d’enfants victimes de ces agissements.
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